Caractérielle - Justicière - Rigoureuse - Intrépide - Fière - Prétentieuse - Ouverte d'esprit - Sociable - Loyale - Procédurière - Observatrice - Déterminée - Têtue - Protectrice - Bienfaitrice - Soignée - Ordonnée - Assidue - Bosseuse - Activiste - Agitatrice - Contestatrice

Médium - Say hello to the ghost

Cela a commencé avec des murmures. Un bruit de fond, léger mais constant. Puis cette impression d'entendre des gens chuchoter dans son dos, loin d'elle, jusqu'à se rapprocher de plus en plus au fil des semaines et des mois. Elle a grandi avec cette sensation de bourdonnement dans ses oreilles pendant une longue période de son adolescence. Et le poids de sa famille défunte qui dictait sa vie : "ne fais pas ceci, ne fais pas cela". Au point que ce don devenait un poids, une malédiction à ses yeux. Impossible de trouver le silence, le calme. Impossible de se concentrer. Impossible d'être simplement elle-même.

Malgré les heures d'entrainement avec sa famille, nul n'a jamais trouvé le moyen de l'aider à couper les ponts avec les morts. Elle sait aisément faire appel à eux grâce à son pouvoir, afin de deviner la forme floue de leur spectre, mais jamais les voix ne cessent.

À l'âge de 17 ans, elle essaie pour la première fois la décoction d'une camarade sensé l'aider à l'apaiser. Et celui-ci, par un heureux hasard, cessa ou diminua drastiquement le murmure des morts. Depuis, elle ne s'en passe plus et la jeune femme se montre bien moins tendue et à fleurs de peau qu'auparavant. Jusqu'à la fin des effets de la décoction.

• Hestia vient d'une famille noble de Wildnis, sa grand-mère Ermina prétend même avoir un lien de parenté avec la dirigeante Levleen Moore et elle n'hésite pas à le répéter régulièrement. Ermina est ainsi à la tête de la famille et la dirige d'une main de fer, dictant à chacun ce qu'il doit faire, comme sa mère le faisait avant elle.
• Le père de Hestia voyage très régulièrement à Skogur pour faire commerce là-bas. C'est ainsi qu'il avait réussi à rencontrer sa femme, la mère d'Hestia. Un choix qui ne plut guère à mamie Ermina, mais elle finit par l'accepter en apprenant qu'elle était également médium.
• Hestia a deux grands frères, l'un compte récupérer le grand et très réputé vignoble familiale, tandis que l'autre est devenu notaire et utilise de temps en temps son don de médium dans le cadre de ses fonctions ou comme petite activité complémentaire.
• Hestia a probablement son don de medium largement supérieur à ceux du reste de sa famille, mais elle en a toujours un peu souffert. Comme des anges gardiens, ses aïeuls ont toujours suivi son parcours et dénigré la plupart de ses choix et ses comportements. Elle attire d'ailleurs souvent des fantômes mal intentionnés concernant les personnes qu'elle croise et découvre parfois des secrets sur eux qu'elle préférerait ne pas connaître... La seule note positive, c'est l'esprit de son premier cheval qui hennit à chaque fois avant qu'une personne tente de s'en prendre à elle ou a des mauvaises intentions.
• Bonne cavalière depuis sa jeune enfance, elle a eu un petit cheval Iclaon qui a beaucoup compté pour elle. Elle faisait des courses folles avec lui dans le domaine d'Osiria, à en faire arracher les cheveux de son père, de peur qu'ils ne déracinent quelques vignes les jours de pluie quand les sabots d'Iclaon retournaient la terre. Depuis son décès, elle reçut un nouveau cheval, qu'elle prit avec elle jusqu'à Zentrum.
• Pour éviter de devenir folle et trouver du calme, elle use souvent d'une petite potion qu'elle garde toujours sur elle dans une gourde. Comme un alcoolique, elle en prend régulièrement en cours de journée, à chaque fois qu'elle sent son don la tourmenter de trop et l'effet de la décoction perdre effet. Une accoutumance à laquelle elle aurait bien du mal à se défaire désormais.
• Depuis qu'Hestia a vingt ans, Ermina n'a cessé de la seriner de travailler dans la mode et le textile. Hestia comprit seulement après que ce choix n'était pas un hasard...
• Elle a été promise à Lénaïck Henshaw, mais compte bien rompre ces fiançailles d'une manière ou d'une autre.
• Souffrant du besoin constant de contrôle qu'ont les autres sur sa vie, elle rêve de liberté et de justice. C'est son crédo, et elle est prête à le revendiquer et aider tous ceux dans le besoin comme elle l'a été durant toute son adolescence.

Mars 1875
Cher journal, ces voix ne s'arrêtent jamais. Je les entends à toute heure de la journée et de la nuit. Ils m'empêchent de dormir, me disent quoi faire, comment faire, et me rappellent ce que j'ai oublié dans la journée. Je le sais, ils veulent mon bien pour la plupart, mais cette famille va me rendre dingue. Mamie Ermina me dicte déjà suffisamment ma conduite, je n'ai pas besoin d'avoir le fantôme de mes aïeuls pour encore pointer mes erreurs du doigt ou choisir à ma place.
C'est sympa parfois, c'est vrai. Comme lorsqu'ils m'aident pour me donner les réponses dans mes tests à l'école ou lorsque mon professeur m'interroge... Ils m'aiguillent parfois aussi, quand je suis dans le doute. Mais ils veulent contrôler toute ma vie et ils ne me laissent jamais en paix. Parfois d'autres voix se mêlent à eux, rendant le flot des conversations totalement incompréhensible.  J'ai l'impression de devenir folle, et pire, je sens que cela gêne mes amies. Je parle parfois "seule", mais ils ne savent pas forcément que je suis toujours accompagnée. Je les envie, eux, mes camarades à user de leur pouvoir bien tangible, définissable, épatant... et contrôlable. Pourquoi pas moi ?

Septembre 1877
Cher journal,
Aujourd'hui, j'ai frappé Charlie. Elle m'a traité de folle. J'en suis désolé, le coup est parti tout seul, je ne sais pas ce qui m'a pris. Comme une force extérieure qui m'a poussé à agir. J'en ai ras la claque. Je suis punie parce que je n'écoute jamais rien, mais comment démêler le vrai du faux ? Le monde des vivants de celui des morts ?
Charlie a dit que je pouvais bien aller me faire cuire un oeuf près des morts, au cimetière plutôt que de les embêter de ma présence. J'ai eu cette envie folle de lui faire comprendre qu'elle y mérite sa place plus que moi. Mais cela n'a pas plu à tout le monde... J'ai droit à une pluie de punitions depuis ce moment-là, et je sens que ce sera pire à l'avenir. Par pitié, Fër ou Kër, faites que ces voix s'arrêtent un jour. Que je ne sois plus prise pour une folle...

Avril 1879
Cher journal,
Hier était le plus beau jour de ma vie. Je n'en reviens toujours pas. Hortense m'a fait découvrir une décoction que sa mère lui prépare de temps en temps quand elle a un coup de blues. Elle m'a dit que ça faisait des miracles et que cela m'aidera peut-être... Je la bénis ! Les voix se sont tues. Pour la première fois depuis des années, j'étais seule dans ma tête. Quelle bénédiction. Je remercie le ciel et les dieux de m'avoir offert ce répit. J'espère que ça fonctionnera encore la prochaine fois, et encore d'autres fois aussi. C'était tellement apaisant... Pourvu que je puisse profiter d'un long répit, de pouvoir discuter avec ma famille et mes ami(e)s sans que leur voix ne soit couverte par les nombreuses conversations de ces spectres. Je suis tellement heureuse. Tellement. Tellement. Tellement ! Certains de mes aïeuls ont peur et me déconseillent d'en reprendre, ils craignent que mon pouvoir se tarisse et finisse par disparaître en buvant trop de ce breuvage. Mais je m'en fous. Le silence est d'or.

Octobre 1887
Cher journal,
Voilà longtemps que je ne suis plus venue écrire quelques mots ici. Pour tout dire, tout se passait relativement bien dans ma vie. Pas forcément parfait, Nonna Ermina est toujours aussi autoritaire, le reste de ma famille continue de lui dire amen. Sauf moi parfois, et j'en paie les pots cassés. Tant pis. Cela ne m'empêche pas de continuer mais vie et de fait, je n'ai plus autant ressenti le besoin d'écrire à nouveau ici. Jusqu'à ce soir.
Car je suis en colère. Je me sens étouffer. Je meurs d'asphyxie à force de les voir régenter ma vie et choisir tout à ma place. De mes études jusqu'à... le choix de mon futur époux. Et oui. Je suis promise à un autre medium, pour garder nos gènes pures... Haha ! Quelle blague ! Cette même pureté et don qui m'aurait rendu folle sans trouver mon remède miracle. Quelle ironie... Mais ils se fourrent le doigt dans l'oeil, car je ne compte pas leur faire ce plaisir. Plus maintenant. J'ai décidé que c'était terminé. Et c'est probablement la dernière fois que j'écris dans ce journal. Je me barre, je me casse. Je vais vivre la vie que j'ai toujours rêvé de vivre, même si ça doit être loin d'eux. Maintenant, je n'en écris pas plus. Je ne veux pas qu'ils fouillent dans ce journal jusqu'à trouver des indices sur la destination que je me suis donnée... Seul l'avenir me dira si c'est le bon choix que je fais ce soir.
Au revoir. Peut-être à une prochaine fois.